Les villes, la pollution lumineuse et les étoiles

Qui a dit qu’il était impossible d’observer le ciel depuis une ville ? Et bien nous, nous affirmons qu’en plus de pouvoir l’observer, il est possible de le photographier. Rencontre avec Pascal Dautrey, astrophotographe amateur et membre de l’Association Astronomique Auboise.

Pascal Dautrey est membre de l’Association Astronomique Auboise depuis 2012. Astrophotographe amateur, il habite en plein centre de l’agglomération troyenne et a fait de son balcon un observatoire avancé. Membre du conseil d’administration, Pascal s’implique beaucoup dans la vie de l’association.

Vue depuis le balcon

Vue depuis le balcon

« Appartement avec vue imprenable sur panorama urbain de 220 000 habitants recherche astronome amateur n’ayant aucune crainte des lampadaires 100% sodium« . Une annonce à faire fuir n’importe quel photographe du ciel nocturne.

La pollution lumineuse ne fait pas peur à Pascal Dautrey. Il a fait de son balcon avec vue sur la ville de Troyes, un observatoire avancé d’où il nous ramène de superbes clichés des petites perles de notre voûte céleste. Un résultat époustouflant pour quelqu’un qui est tombé dans l’astronomie par hasard.

Il y a 10 ans, mon frère, grand passionné du ciel, m’a fait découvrir un livre sur les beautés du ciel dans une librairie. J’y ai découvert des photos superbes qui m’ont donné envie de faire la même chose ! Problème: j’habite en ville, un inconvénient démotivant quand on veut voir correctement les étoiles. Puis un jour, je tombe sur la page internet d’un astrophotographe bruxellois. Ses clichés étaient magnifiques et pourtant tous avaient été réalisés depuis la capitale de la Belgique. Le soir même, j’étais sur mon balcon.

Mais s’improviser astrophotographe n’est pas chose facile. De fil en aiguille, entre recherches web et achats de livres, Pascal commence à réaliser ses premiers clichés. Avec l’achat d’un filtre UHC, la pollution lumineuse n’est plus un problème, « toutes les émissions de sodium sont supprimées« , nous confie Pascal. En réalité, ce n’est ne sont pas les globes lumineux du parking de l’entreprise en face de chez lui qui posent  problème, mais l’orientation de son balcon: impossible de pointer la Polaire.

J’ai dû très rapidement trouver une combine. J’ai peint dans un premier temps des repères au sol pour faire une mise en station malgré ce handicap. Mais l’astrophotographie exige une bonne précision dans sa préparation. Je me suis donc procuré très rapidement une nouvelle monture qui ne nécessite plus un passage obligé par la Polaire. Celle-ci m’autorise à pointer d’autres étoiles, un luxe quand son balcon est orienté plein sud !

Observatoire improvisé

Observatoire improvisé

Rapidement, Pascal fait le choix de rejoindre l’Association Astronomique Auboise. Il y fait la rencontre de Jean-Pierre, membre passionné par l’astrophotographie lui aussi. Ensemble, ils vont échanger sur les différentes méthodes pour améliorer leurs résultats. Les soirées d’observation de l’Association deviennent un terrain d’entrainement et les progrès se font vite ressentir.

Rencontrer autant de passionnés a considérablement accéléré mon apprentissage. Je dirais qu’aujourd’hui, il est indispensable pour un novice de rejoindre une association. C’est un gain de temps énorme qui nous évite de lire 25 ouvrages avant de trouver une réponse. Ma rencontre avec Jean-Pierre a été capitale, c’est lui qui m’a initié et tout appris.

Photo_5Pascal s’équipe progressivement du matériel nécessaire pour pratiquer la photographie astronomique. Il complète sa monture et son télescope par 2 appareils de prises de vue: un APN Canon 400D défiltré et une caméra CCD.  La dernière représente un avantage de taille: un ventilateur refroidit en permanence le capteur et autorise donc les poses longues. « J’y ajoute également des filtres spécifiques comme un H-alpha, ce qui me permet de photographier des nébuleuses à émission comme M42« , nous précise Pascal. « Mon appareil photo étant plus axé sur du planétaire ou bien certaines galaxies lumineuses« .

Aux 3 longues heures de pose pour réaliser ses clichés en luminance, rouge, vert et bleu, viennent ensuite s’ajouter un temps de traitement des images d’environ 6 heures.

Une patience récompensée par des clichés sublimes, de petites merveilles dissimulées dans le ciel de Troyes, quelque part entre les boules lumineuses des hypermarchés sans fin et les néons fluos des devantures commerciales. Il serait peut-être sage de songer un jour à tout éteindre.  Pascal est là pour nous le rappeler. Merci à lui.

Propos recueillis par Cédric L. 

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